MADELINE ABIGAËL&ELDER, Tous mes amis ont passé ces derniers mois à ne rêver que d'une chose. Être majeur. Car ça y est, voilà qu'on entre dans notre dernière année de minorité et que l'année 1968 symbolise notre passage à la vie adulte. Au mois de mai (le vingt) j'aurai dix-huit ans. Je serai enfin adulte. Mais je me sens déjà adulte. Ma mère est très malade et mon père devant se rendre au travail, c'est moi qui suis chargée de veiller sur elle. Croyez-moi cette expérience rendrait mûr en un rien de temps même le plus enfantin de tous les gamins ! J'aurais préféré garder mon innocence et avoir les mêmes centres d'intérêt que mes amis. Je ne sors pas autant qu'eux, me contentant d'aller à l'école et de revenir le plus vite possible pour ne pas laisser ma mère seule trop longtemps. On a toujours vécu ici. Et j'ai le (mauvais) pressentiment que c'est aussi ici que ma mère finira sa vie. Dans ces conditions, comment pourrais-je sortir et faire des rencontres ? Je n'ai même encore jamais eu de petit ami et je me sens tellement en décalé par rapport aux autres. J'aimerais... Et bien je crois que j'aimerais être quelqu'un d'autre.